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Pour une politique de prévention de l’avortement

Au Sénégal, les cas d’infanticides posent la question de la légalisation de l’avortement.
Pour une politique de prévention de l’avortement 2

Les autorités doivent développer des actions de préventions d’une part et d’autre d’assurer la conformité de la législation sénégalaise en matière d’avortement avec les engagements internationaux, a soutenu, le magistrat Julien Ngane Ndour lors de la présentation de l’étude ‘’ sur la situation des femmes incarcérées pour infanticide ou avortement clandestin’’ au Sénégal.

‘’Les décideurs, les autorités en général doivent développer des actions de prévention mais aussi assurer la conformité de la législation sénégalaise en matière d’avortement avec les engagements pris au niveau international (notamment Maputo)’’, a souligné le magistrat Julien Ngane Ndour, qui a réalisé en septembre 2022 une étude sur la situation des femmes incarcérées pour infanticide ou avortement clandestin au Sénégal.

Cette étude, réalisée par le comité de plaidoyer pour l’accès à l’avortement médicalisé en cas de viol ou d’inceste, a montré selon M. Ndour, que ‘’ 244 femmes sont détenues dans l’ensemble de ces établissements pénitentiaires et quelque 59 femmes, soit (24,18%) sont poursuivies pour infanticide et avortement clandestin’’.

S’exprimant lors d’un panel organisé pour la restitution de cette étude, il a révélé que ‘’sur 59 femmes, 54, soit 22,13%, sont poursuivies pour infanticide et 5, soit 2%, sont concernées par l’avortement clandestin’’.

Selon le consultant, ‘’le nombre de femmes incarcérées pour ces deux faits ne représente que 18,51% de la population féminine en milieu carcéral’’.

Revenant sur les causes de la commission de ces faits, il a affirmé que ‘’ les détenues interrogées pensent que l’acte d’avortement ou d’infanticide est commis principalement par peur, suite à un viol, un inceste et à la pauvreté, entre autres’’.

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Le consultant relève que ‘’ le nombre de femmes détenues pour ces deux infractions est cependant faible par rapport aux données des autorités étatiques [Direction de la Santé de la mère et de l’enfant du ministère de la Santé et de l’Action sociale] qui montrent plus de 30.000 cas d’avortements par an (2020)’’.

En autres recommandations formulées par cette étude, il y a la mise en place des mesures nécessaires pour l’application sévère des peines envers les agresseurs et le renforcement de l’inclusion des soins de santé sexuelle et reproductive dans les plans, les stratégies et les budgets, pour parvenir à une couverture sanitaire universelle, en s’assurant de garantir l’accès aux soins aux personnes marginalisées et vulnérables.

L’objectif de cette étude était d’évaluer l’ampleur des phénomènes de l’infanticide et de l’avortement clandestin au Sénégal, de ressortir les causes essentielles de l’infanticide et de l’avortement clandestin et de ressortir les statistiques sur le nombre de femmes en milieu carcéral pour infanticide ou avortement clandestin, entre autres.

En ce qui concerne la justification de l’étude, la coordonnatrice du comité de plaidoyer, Aissatou Ndiaye, a souligné que ‘’pour contribuer à la facilitation du processus de mise en conformité du Sénégal avec ses engagements juridiques internationaux, le comité de plaidoyer pour l’accès à l’avortement médicalisé en cas de viol et d’inceste (Task force), avec l’appui de l’ONG Planned Parenthood Global (PPG), a commandité une étude sur la situation des femmes en milieu carcéral auteures ou présumées auteures d’infanticide et/ou d’avortement clandestin au Sénégal’’.

Depuis son adhésion au protocole de Maputo, indique un document remis à la presse, ‘’des initiatives ont été prises au Sénégal pour une révision des textes, en particulier ceux relatifs aux droits des femmes, en vue de les rendre conformes aux engagements internationaux et permettre ainsi aux femmes victimes d’inceste ou de viol, d’interrompre leur grossesse’’.

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‘’Cependant les obstacles culturels et religieux sont parmi les plus grands défis dans ce domaine’’, souligne le même texte.

Signé en 2003 et ratifié en 2005 par le Sénégal, le protocole de Maputo dispose en son article 14 que ‘’les États prennent toutes les mesures appropriées pour protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste, et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus’’.

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