le Delta du Saloum complète désormais la longue liste des sites classés Patrimoine mondial au Sénégal.
Le Sine Saloum prend son nom du fleuve Saloum et de son principal affluent, le Sine. Elle abritait jadis les royaumes sérères du Sine et du Saloum.
Le Delta du Saloum est l’une des régions les plus étonnantes, belles et sauvages du Sénégal, classée Réserve Mondiale de la Biosphère. A la rencontre de la faune sauvage, des populations locales et d’une nature protégée et très riche en biodiversité, cet écosystème unique offre des paysages splendides et singuliers, à découvrir au fil de l’eau et des navigations en pirogue, le moyen de transport traditionnel local.
Le Sine-Saloum, qui comprend les régions de Fatick, Kaolack et Kafrine, détient un potentiel touristique énorme, eu égard à la variété de l’offre. Les touristes y savourent les délices de différentes formes touristiques. Pleins feux sur une destination irrésistible… « Notre offre tourne autour de la beauté du Delta du Sine-Saloum classé patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous faisons partie du club des plus belles baies du monde. Nous pouvons offrir aux touristes la pêche sportive, la chasse, le tourisme de découverte, le tourisme balnéaire », se plaît à souligner Issa Barro, le président du Syndicat d’initiative du Sine-Saloum. Entre terre et mer, poursuit-il, nous avons une merveille qui est constituée d’îles de coquillages, d’îles aux oiseaux, et d’îles habitées par les populations. La zone est riche de sa diversité culturelle avec les Sèrères, Mandingues, Diolas, Peulhs et une communauté du Burkina Faso.
Le Delta du Saloum qui couvre 500 000 hectares constitué de mangrove, de coquillages et d’îles artificielles surmontées de tumulus funéraires.
Le Sénégal est aujourd’hui, le pays d’Afrique de l’Ouest qui a le plus grand nombre de sites inscrits sur la liste du Patrimoine mondial. «Cette consécration a été rendue possible par une gestion rigoureuse des ressources du Delta», indique pour sa part Awa Ndiaye, ministre de la Culture, du Genre et du Cadre de Vie. Cependant, le ministre a insisté sur le fait que «le classement d’un site au Patrimoine mondial implique aussi des contraintes dont l’une des plus importantes est la préservation des valeurs pour lesquelles ce bien a été inscrit». En ce sens, elle souligne ainsi que «nous devons, à l’image des femmes du Delta du Saloum, être vertueux dans les autres domaines qu’il s’agisse des expressions culturelles, du tourisme, de l’artisanat ou de la pêche».
DELTA DU SALOUM PATRIMOINE DE L’UNESCO:
En 2005 déjà, le Delta du Saloum avait été admis au sein du club très fermé des «Plus Belles Baies du Monde». Mais avant cet honneur, le parc jouissait d’une reconnaissance internationale liée à la diversité et la particularité de ses habitats. En effet, il a été classé Réserve de Biosphère en 1981, site Ramsar ou zone humide d’importance internationale depuis 1984 et premier site Ramsar transfrontière en Afrique avec le Parc national de Niumi, Gambie, en 2008. Sa candidature à l’inscription sur la liste du Patrimoine Mondial mixte (naturel et culturel) examinée par l’Unesco en avril 2011 avait ainsi tous les atouts de passer.
Situé au centre-ouest du Sénégal, dans la région naturelle du Sine Saloum, le Delta du Saloum s’étend sur environ 500 000 ha. A cheval entre les régions de Thiès et de Fatick à 80 km à l’ouest de la ville de Kaolack, il combine les caractéristiques d’une zone humide, marine, estuarienne, lacustre et palustre d’une beauté exceptionnelle. Il abrite le Parc national du Delta du Saloum créé en 1976 qui est assis sur 76 000 ha et se caractérise par la présence de trois principaux milieux écologiques. Il s’agit d’un domaine continental riche en forêts et limité dans sa partie basse par la mangrove et les tannes, d’un domaine amphibie composé de trois grands groupes d’îles bordés par un réseau dense de chenaux entourés de mangroves et d’un domaine maritime.
Les trois milieux qui composent le Delta du Saloum ont des fonctions relativement différentes et sont fortement dépendants du point de vue de leur fonctionnement, leur dynamique et leur évolution. La diversité des paysages et des écosystèmes particuliers constitue un enjeu fondamental pour la conservation de ce site naturel, culturel et historique exceptionnel de par les différentes fonctions qu’il joue et remplit.
Le Parc national du Delta du Saloum est le troisième site d’importance ornithologique de l’Afrique de l’Ouest après le Banc d’Arguin en Mauritanie et le Djoudj au Sénégal. Il accueille annuellement le quart de la population mondiale de sternes royales -Sterna maxima albidorsali- et constitue l’un des premiers sites d’hivernage et de reproduction de cette espèce dans le monde. Il est aussi un important quartier d’hiver pour les oiseaux migrateurs du paléarctique.
CRISE CLIMATIQUE ET DEGRADATION DES ECOSYSTEMES:
Ces menaces qui planent sur le Delta du Saloum
Bien que admis sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco, le Delta du Saloum n’échappe, malheureusement, pas aux menaces qui pèsent sur l’ensemble des zones humides d’Afrique de l’Ouest. Et, une analyse évolutive des ressources du site témoigne nettement d’une dégradation de ses divers écosystèmes constitutifs. Une tendance régressive est signalée pour tous les écosystèmes et pour le plus grand nombre des espèces animales et végétales. Cette régression s’accompagne d’une perte de la diversité floristique, d’une fragmentation des écosystèmes et de menaces de perte d’habitats. Les forêts galeries sont les plus menacées dans la partie continentale.
Par ailleurs, la crise climatique, caractérisée depuis la fin des années 60 par une forte réduction des précipitations, a entraîné la salinisation des sols et des eaux s’accompagnant dans tous les estuaires d’une dégradation de l’écosystème de mangrove – diminution de la taille des palétuviers avant une disparition totale – remplacé progressivement par des tannes à sols sulfatés acides. Dans l’estuaire du Saloum, un tel phénomène s’observe à partir de 40 km en amont de l’embouchure alors qu’au-delà de Foundiougne, il n’y a plus de mangroves.
Des salinités allant jusqu’à 130 % ont été mesurées dans l’aquifère présent en dessous des tannes. Cette dégradation de la mangrove s’accompagne d’une profonde modification de la faune. On a en effet observé une réduction du nombre des espèces et du nombre d’individus d’ostracodes et de foraminifères au fur et à mesure que l’on avance en amont du Delta du Saloum.
Ces effets du changement climatique sur les baies sont de plus en plus accentués par la pression accrue sur les ressources comme la pollution de l’environnement, la dégradation des ressources naturelles, etc.