«La nature nous envoie un message», avertit le site de l’ONU. Cette alerte brutale a été lancée avant la Journée mondiale de l’environnement, célébrée chaque année le 5 juin depuis 1974, et qui se trouve être le programme phare des Nations unies pour la sensibilisation à l’environnement. Il est axé sur la pollution marine, le réchauffement climatique et la consommation durable.
«Aujourd’hui, on estime que dans le monde environ un milliard de cas de maladie et des millions de décès surviennent chaque année à cause de maladies causées par des coronavirus ; et environ 75 % de toutes les maladies infectieuses émergentes chez l’homme sont des zoonoses, c’est-à-dire qu’elles sont transmises à l’homme par des animaux», dit-il.
Cette année le thème de la Journée mondiale de l’environnement est la biodiversité. La relation entre l’homme et la nature affecte tout, de l’air, à l’eau, la nourriture, en passant par les sources de médicaments, à la résistance naturelle aux maladies et à l’atténuation du changement climatique.
La destruction d’un élément du réseau complexe de la nature peut entraîner l’effondrement de systèmes alimentaires et sanitaires entiers, menaçant ainsi la vie telle que nous la connaissons.
Malheureusement, les hommes semblent faire de leur mieux pour y parvenir : la déforestation, l’empiètement sur les habitats de la faune, l’intensification de l’agriculture et l’accélération du changement climatique ont tous poussé la nature au bord du gouffre.
La pandémie COVID-19 est un rappel opportun des menaces auxquelles nous sommes confrontés lorsque la biodiversité est menacée.
-Changement climatique, coronavirus
Gavin Edwards est le coordinateur mondial du Nouveau pacte pour la Nature et l’Homme au Fonds mondial pour la nature (WWF), une ONG internationale de protection de l’environnement.
Il a déclaré à l’Agence Anadolu (AA) que le changement climatique pourrait augmenter la probabilité de futures épidémies virales.
«Il existe des preuves scientifiques solides qui suggèrent que le changement climatique augmentera l’incidence des zoonoses existantes présentes dans certaines populations ou régions en étendant leur portée géographique», a-t-il déclaré.
«Le changement climatique accroît déjà la propagation de certaines zoonoses endémiques à vecteur, notamment la maladie de Lyme, le paludisme et la dengue. Il est possible que les maladies infectieuses zoonotiques émergentes impliquant de nouveaux organismes pathogènes augmentent avec le changement climatique, mais les preuves scientifiques à ce sujet sont plus limitées à l’heure actuelle», a-t-il ajouté.
Selon les Nations unies, la couverture des récifs coralliens vivants dans le monde a été réduite de moitié au cours des 150 dernières années et, dans les dix prochaines années, une espèce sur quatre pourrait disparaître. Il faudrait 1,6 planète pour répondre aux demandes que les hommes font chaque année à la nature.
M. Edwards a déclaré à l’Agence Anadolu (AA) : «Il est également important de reconnaître que la perte et la dégradation des habitats est un facteur clé de l’émergence de nouvelles maladies infectieuses. Lorsqu’une surface est perdue à cause de l’activité humaine, cela réduit l’habitat naturel disponible pour les espèces et peut les mettre en contact plus régulièrement les unes avec les autres ainsi qu’avec les humains, augmentant la capacité des microbes à se déplacer entre les espèces et à se transmette aux humains».
«Il est donc crucial que nous prenions des mesures pour protéger et restaurer nos habitats naturels. Comme la végétation agit comme un puits de carbone, il est également essentiel d’inverser la perte de nature pour lutter contre la crise climatique et garantir la santé humaine et les moyens de subsistance à long terme», a-t-il partagé.
-L’économie post-coronavirus
«L’ancienne normalité détruisait notre climat et anéantissait les écosystèmes», a déclaré Muna Suleiman, militante pour le climat aux Amis de la Terre, un réseau mondial d’organisations environnementales, à l’Agence Anadolu (AA).
«La pandémie nous a contraints à une pause mondiale et ce qui va se passer ensuite est crucial. Nous devons nous assurer que la reprise post-COVID-19 sera au bénéfice des populations, et non du profit. Si les gouvernements veulent prendre le risque d’une augmentation massive des émissions pour «rattraper» leur retard en se débarrassant des combustibles fossiles, tous les sacrifices de confinement n’auront fait qu’affecter temporairement les émissions mondiales de gaz à effet de serre», a-t-elle déclaré.
Les Amis de la Terre sont un réseau international d’organisations environnementales couvrant 75 pays.
«Nous sommes confrontés à deux crises, les gouvernements ont stoppé l’économie pour faire face à l’une d’entre elles, mais la crise climatique est toujours présente», a déclaré Mme Suleiman.
Edwards s’est fait l’écho de ses propos, en s’adressant à l’Agence Anadolu (AA) : «La crise COVID-19 a mis en évidence les risques que nous prenons en dégradant et en déstabilisant la nature. Alors que nous émergeons de cette crise, nous devons adopter une transition juste et verte vers un modèle économique qui valorise la nature comme le fondement d’une société saine et d’une économie prospère».
«En protégeant et en restaurant la nature et ses écosystèmes, nous nous protégeons et nous nous rétablissons nous-mêmes. Il est temps de maximiser notre influence sur les gouvernements, les entreprises et le public, de tirer les leçons de cette crise et d’avancer vers une «nouvelle normalité» où la création d’emplois, le développement économique et l’égalité sociale sont alimentés par un développement vert basé sur l’humilité, le respect et la gestion de la nature», a-t-il expliqué.
-Lutter pour l’avenir
En 1972, la première grande conférence sur les questions environnementales s’est tenue à Stockholm, en Suède, du 5 au 16 juin. La conférence de Stockholm visait à forger une vision commune sur la manière de préserver et d’améliorer l’environnement.
Le 15 décembre de la même année, l’Assemblée générale des Nations unies a désigné le 5 juin, date du premier jour de la Conférence de Stockholm, comme Journée mondiale de l’environnement.
L’Assemblée générale des Nations unies a appelé «les gouvernements et les organisations du système des Nations unies à entreprendre chaque année, ce jour-là, des activités à l’échelle mondiale réaffirmant leur souci de la préservation et de l’amélioration de l’environnement, en vue d’approfondir la sensibilisation à l’environnement et de poursuivre la détermination exprimée lors de la Conférence».
Depuis la première célébration annuelle en 1974, la Journée mondiale de l’environnement est devenue une plate-forme mondiale afin d’agir sur les questions environnementales. Le combat continue.
«Nous devons veiller à ce que les investissements, tant au niveau national qu’international, respectent le monde naturel dont nous dépendons : la terre, la vie végétale et animale, les micro-organismes, les océans et le climat. Ainsi, l’après COVID-19 peut montrer que nous devons, et pouvons, tenir compte de preuves scientifiques accablantes et ajuster nos vies en conséquence’’, a conclu Muna Suleiman.