L’Afrique compte une centaine de cas de coronavirus répartis dans plusieurs pays, mais bien loin des bilans de la Chine, l’Italie ou encore la France ou l’Espagne .
Certes dans une moindre mesure que dans les pays outre-Atlantique, mais le continent fait davantage l’expérience du COVID-19 alors que quatorze pays sont désormais contaminés.
Le dernier en date détecté à Kinshasa sur un Congolais vivant en France porte à 111 le nombre de malades du coronavirus sur le continent d’après un bilan de l’AFP.
Ce sont, en grande majorité, des cas dits « d’importation », de personnes ayant voyagé entre l’Afrique et des zones contaminées. C’est la situation du Maroc où deux nouveaux cas – en l’occurrence la femme et la fille d’un touriste français déjà hospitalisé à Marrakech– ont été confirmés ce 11 mars par les autorités. Au Burkina Faso aussi, la ministre de la Santé Claudine Lougué a confirmé, lundi 9 mars, deux premiers cas, sur un couple rentré fin février de France.
Outre les mesures sanitaires, les gouvernements africains ont également décidé l’annulation de nombreux événements, toujours dans le but de prévenir la propagation du Covid-19. Le CEO Forum d’Abidjan, grand rendez-vous d’investisseurs, mais aussi le Marathon des sables, au Maroc, en ont, entre autres manifestations, fait les frais. Ce mardi 10 mars, le gouvernement tanzanien a annoncé l’annulation d’une réunion du Conseil des ministres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Prévus les 16 et 17 mars, les rencontres et entretiens se dérouleront en vidéoconférences.
Un impact négatif fort sur le transport…
Avec la menace d’une contamination à grande échelle, quelques pays africains commencent peu à peu à couper leurs liaisons avec les zones contaminées.
Le secteur des transports est donc, logiquement, fortement impacté. « À l’heure actuelle, toutes les compagnies aériennes africaines, sauf une, Ethiopian Airlines, ont suspendu leurs vols vers la Chine, et cela a affecté négativement leur chiffre d’affaires », a déclaré Abderahmane Berthe, secrétaire général de l’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA) lors d’un point de presse mardi à Nairobi. Ce haut responsable a également indiqué que la demande de voyages internationaux avait baissé à cause des restrictions opérées par de nombreux pays dans le monde.
Royal Air Maroc a, par exemple, suspendu ses vols vers l’Italie et l’espagne jusqu’à nouvel ordre. La compagnie Air Algérie, elle, a supprimé toutes ses liaisons à destination de Milan. La Tunisie, pour sa part, a annoncé mardi la fermeture des ports tunisiens aux navires provenant de l’Italie, et ce jusqu’au 4 avril 2020. Selon l’Office de la marine marchande et des ports (OMMP), « cette mesure vise à protéger les voyageurs et éviter la propagation du coronavirus, très contagieux » sur le sol tunisien, qui compte six cas. Le pays a aussi restreint les traversées à destination de la France à une seule traversée hebdomadaire entre le port de la Goulette et celui de Marseille. Celles des navires de transport des marchandises sont en revanche maintenues.
… et le tourisme
Les restrictions liées aux transports pourraient bien, aussi, impacter un autre secteur qui leur est très dépendant : celui du tourisme. Car pas de liaisons aériennes, pas de touristes, pourtant de plus en plus nombreux sur le continent. En Afrique du Sud, les conséquences se font déjà ressentir. La ministre sud-africaine du Tourisme, Mmamoloko Kubayi-Ngubane, l’a confirmé. « Notre industrie traverse une crise grave », a-t-elle dit. « L’épidémie a déjà affecté très négativement le tourisme », a-t-elle indiqué lundi lors d’une réunion avec des représentants du secteur. Des annulations de voyages de la part de la Chine et de nombreux pays européens ont été observées ces dernières semaines, a fait savoir Tshifhiwa Tshivhengwa, directeur général du Conseil sud-africain des affaires touristiques, cité par l’agence de presse chinoise Xinhua. Selon lui, les annulations vont en s’aggravant et atteignent aujourd’hui entre 30 % et 50 %.
En Égypte aussi, le Covid-19 menace le tourisme qui, depuis 2017, a repris des couleurs après plusieurs années disette. Beaucoup de vols acheminant des touristes dans le pays ont été annulés pour tenter d’endiguer la propagation du virus qui, pour l’instant, a fait un mort sur le territoire égyptien. La contamination de 45 croisiéristes d’un bateau à Louxor risque de refroidir les aspirants à un voyage au pays des pharaons. Le gouvernement, en réponse, se veut rassurant. Il communique abondamment sur la situation, qu’il estime sous contrôle. La preuve, pour le ministre égyptien du Tourisme et des antiquités Khaled al-Anany, aucun site archéologique n’a; pour l’instant; été fermé.
Preuve que cette attitude porte des résultats : au moins 210 000 touristes ont visité l’Égypte pendant la première semaine de mars 2020.
Le Sénégal de nouveau touché
Le Sénégal a annoncé mercredi deux nouveaux cas de coronavirus, sur une Française et une Anglaise arrivées fin février, ce qui porte à quatre le nombre de personnes contaminées dans le pays.
L’un des nouveaux cas concerne une femme de 68 ans, épouse d’un patient de 80 ans testé positif mardi, a indiqué le ministère de la Santé dans un communiqué. Résidant en France, elle est arrivée au Sénégal le 29 février avec son mari. Le second est celui d’un Anglaise de 33 ans, venue de Londres et arrivée à Dakar le 24 février.
Deux premiers cas coronavirus avaient été annoncés lundi et mardi, sur deux Français.
Des événements reportés
Au Sénégal, le ministre de l’Intérieur a décidé mardi “de reporter jusqu’à nouvel ordre” un évènement culturel de trois jours, prévu à partir du 6 mars dans la commune de Linguère (nord), dont il est le maire.
Le report est destiné à “faire face à la propagation du coronavirus récemment enregistré au Sénégal”, a annoncé le ministre sur Twitter. L‘évènement devait inclure un concert du très populaire Wally Seck, un gala de lutte, sport très prisé au Sénégal, et une journée de nettoiement populaire.
C’est le premier report officiel d’un événement depuis l’annonce du coronavirus sur le continent.
Ailleurs, au Nigeria, le Parlement a approuvé mardi à l’unanimité un congé de deux semaines pour tous ses élus, pour garantir leur “sécurité” face au coronavirus dont un cas a été déclaré la semaine dernière à Lagos.
Avec l’ampleur de l‘épidémie qui touche désormais pas moins de 70 pays à travers le monde, les Etats africains ont pris des mesures pour contenir au mieux la maladie. Déjà, dans les aéroports internationaux de plusieurs pays, des contrôles stricts sont assurés en vue de détecter des cas suspects. Des centres d’analyse et de traitement – une trentaine au moins – ont éclos au fur et à mesure que prospérait la maladie. Enfin, des campagnes de communication ont été initiées en vue d’informer les populations sur les moyens les plus sûrs d‘éviter la contamination.
Sur les réseaux sociaux, sur les sites des ministères de la Santé, des numéros verts de même que des messages éducatifs à la maladie sont diffusés.
AFP- LE POINT