En mars 2019, José Segura Clavell a été nommé nouveau directeur général de Casa África, «Maison D’Afrique»
Le nouveau directeur général de Casa África, José Segura Clavell est né le 4 juillet 1944 à Barcelone. Marié et père de 3 enfants, il est docteur en sciences chimiques, professeur de thermodynamique à l’école nautique officielle de Tenerife et professeur de physique appliquée à l’université de La Laguna.
José Segura a commencé sa carrière politique en tant que conseiller et président du «Cabildo» Conseil Insulaire des îles Canaries . Sénateur et maire de la ville de San Cristóbal de la Laguna. Député et a également été délégué gouvernemental aux îles Canaries. Son bagage professionnel et politique s’imposent. C’est un Homme affable, calme, réfléchi et médite beaucoup ses réponses. C’est un socialiste convaincu devant une institution: la Casa África qui s’inscrit dans l’action extérieure de l’État comme outil de diplomatie publique et économique.
1- Casa Africa «Maison Afrique» est la seule structure de l’Etat exclusivement consacré à l’Afrique. Pourriez-vous nous parler sur le rôle et la mission de Casa Africa?
L’ancien gouvernement socialiste dirigé par José Luis Rodríguez Zapatero. Et avec le ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, il a pris une série de décisions visant à augmenter la capacité de la diplomatie par le gouvernement de l’Espagne et des actions qui ne peuvent apporter directement l’administration du ministère des Affaires étrangères parce qu’il n’a pas de personnel ou de la capacité et aucun moyen de le faire. Ainsi ont été créé Casa América basée à Madrid, Casa Asia à Barcelone et Casa África à Las Palmas de Gran Canarias, sont toutes un consortium auquel participent le ministère des Affaires étrangères dans différentes participations et les différentes communautés autonomes. y finalment Casa África aux Iles Canaries, la Province de Las Palmas. Casa Africa a été un grand succès du gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero. Inaugurée dans l’année 2006. A cette époque, j’étais délégué du gouvernement espagnol aux îles Canaries, j’ai aidé à sa création et à sa mise en œuvre.
«Depuis sa fondation, l’un des objectifs principaux de Casa África est de stimuler le rapprochement de l’Espagne et de l’Afrique à travers la sensibilisation, la création d’alliances stratégiques et le développement des relations bilatérales et multilatérales à long terme.»
Quel est le but maison afrique? Son objectif est essentiellement la diplomatie publique. C’est à dire; la maison l’Afrique a l’intention de créer des réseaux. Des réseaux de contact avec des écrivains, des universités, des groupes musicaux, des romanciers, tous deux du Sénégal, de la Mauritanie, de la Gambie ou de la Guinée équatoriale. C’est-à-dire des pays de l’Afrique de l’Ouest subsaharienne et plus proches de nous.
Nous servons de pont avec les universités, les chambres de commerce et les secteurs économiques.
2- Basé à Las Palmas, Casa África renforce le rôle des Canaries en tant que politique, comme plate-forme économique et de la logistique en Afrique. Quelle est cette politique?
Avec son siège à Las Palmas de Gran Canaria, Casa África renforce le rôle des Canaries comme plateforme politique, économique et logistique vers l’Afrique, en offrant un lieu de rencontres, de pensées et de réflexions sur des thèmes africains.
Elle encourage également la création de nouvelles politiques et la consolidation des relations hispano-africaines dans l’agenda international, dans les centres d’études et de recherches et dans les médias.
Depuis sa fondation, l’un des objectifs principaux de Casa África est de stimuler le rapprochement de l’Espagne et de l’Afrique à travers la sensibilisation, la création d’alliances stratégiques et le développement des relations bilatérales et multilatérales à long terme.
Constituée comme consortium public le 26 juin 2006, Casa África dépend aujourd’hui du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, du gouvernement autonome des Canaries, de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement et de l’hôtel de ville de Las Palmas de Gran Canaria. Ce fut un succès de le localiser dans les îles et je dirais que c’est un instrument très utile pour les universités canariennes, les chambres de commerces et pour les entreprises.
«Sa mission est de promouvoir et de renforcer les relations d’intérêt mutuel entre l’Afrique et l’Espagne. Nous voulons continuer de nous rapprocher de l’Afrique»
À titre d’exemple, la plus importante foire internationale du tourisme qui se déroule dans le monde vient de se tenir à Madrid: Fitur
Au sein de Fitur, INVESTOUR est organisé, qui est un forum pour les investissements et les entreprises touristiques en Afrique promu par l‘Organisation mondiale du tourisme (OMT), FITUR et Casa África.
L’objectif principal est la promotion du développement durable et du tourisme en Afrique, tout en encourageant les conversations sur les investissements et les opportunités commerciales sur ce continent. Il s’agit d’une plateforme stratégique qui met les entités africaines en contact direct avec des projets touristiques et des partenaires internationaux potentiels.
Cette édition revêt une importance particulière pour célébrer les 10 ans d’Investour, où 43 pays africains et 16 pays d’autres continents ont participé.
3- Casa Africa a lancé un nouveau plan stratégique appelé « Casa Africa 2018-2021 » Pourriez-vous nous dire ce que ce plan?
Ce troisième Plan stratégique de Casa África a été approuvé par le Conseil des gouverneurs, à Las Palmas de Gran Canaria, le 18 décembre 2018 et sera en vigueur jusqu’en 2021. Il vise, d’une part, à profiter et à renforcer l’expérience et les contacts accumulés mis en place et, d’autre part, l’amélioration continue et l’innovation dans un monde de plus en plus changeant, toujours afin de réaliser la vision et les objectifs.
Sa mission est de promouvoir et de renforcer les relations d’intérêt mutuel entre l’Afrique et l’Espagne. Nous voulons continuer de nous rapprocher de l’Afrique. L’Espagne souhaite être à la tête de ce rapprochement. L’outil pour réussir est ce Plan pour l’Afrique.
Le succès du plan ne dépend pas uniquement du gouvernement espagnol, quelle que soit la couleur politique de celui-ci. En matière de politique étrangère, la priorité que nous accordons à l’Afrique fait l’objet d’un large consensus. Le succès du plan dépendra, dans une large mesure, de l’intérêt que lui porteront notre société civile et notre secteur privé.
Le gouvernement ne dispose pas des ressources publiques nécessaires pour avoir un impact significatif sur la croissance et le développement de l’Afrique. Nous ne devons pas pour autant renoncer à agir. La société civile et le secteur privé de l’Espagne disposent d’un potentiel leur permettant de devenir des acteurs déterminants dans le continent africain. Telle est notre force. Nous devons donc aspirer à ce que l’Espagne joue un rôle en Afrique.
4- Les îles Canaries revivent l’arrivée massive d’immigrants africains et connaissent également la montée du terrorisme dans les pays du Sahel. Ces données sont pourraient nuire au développement des relations entre l’Espagne et l’Afrique?
Dans mon livre, Immigration irrégulière par mer. Îles Canaries: une expérience. Je rassemble mon expérience face à l’un des problèmes les plus difficiles et les plus compromis qui se soit posé aux îles Canaries pendant la période 2004-2008, comme l’immigration irrégulière par mer. Dans ce livre, je décris les moyens matériels et humains utilisés pour faire face à cette situation, avec une analyse exhaustive du sauvetage de vies en mer. Aujourd’hui, je ne dirais pas qu’une arrivée massive a lieu. Ce qui est vrai, c’est qu’il y a un phénomène très dur lié à la sécurité et l’autre au changement climatique.
Le changement climatique est une vérité et une réalité incontestable. Il y a des zones géographiques, où des masses d’êtres humains doivent quitter les villages où ils résident, car il n’y a pas de ressources en eau, et il n’y a pas de capacité de survie.
La sécurité et l’économie en Europe dépendront largement de la sécurité au Maghreb et de la sécurité sur la bande qui sépare le Maghreb des zones centrale et méridionale. C’est-à-dire la bande du Sahel.
«Les relations bilatérales avec les pays d’origine et de transit sont l’un des piliers sur lesquels se fondent la lutte contre l’immigration irrégulière et l’identification de canaux légaux de migration. Cette coopération s’inspire des principes de respect et de confiance réciproque.»
Casa África a organisé de nombreuses réunions l’année dernière très pertinente. En novembre dernier, nous avons convoqué tous les responsables de Frontex, et il y a eu des journées très intenses sur la sécurité, ont participé également des responsables de services de renseignement de nombreux pays, y compris des organisations africaines telles que la CEDEAO.
Les relations bilatérales avec les pays d’origine et de transit sont l’un des piliers sur lesquels se fondent la lutte contre l’immigration irrégulière et l’identification de canaux légaux de migration. Cette coopération s’inspire des principes de respect et de confiance réciproque.
Eu égard à l’expérience de l’Espagne en la matière, la seule réponse efficace au phénomène migratoire est l’adoption d’une approche globale et intégrée qui priorise la prévention en amont et qui tienne compte des besoins et des intérêts de nos partenaires lorsqu’il s’agit de formuler nos lignes d’action politique et, surtout, de les concrétiser dans des projets à mener sur le terrain.
Dans de nombreux cas, les pays africains sont eux-mêmes confrontés à des défis posés par l’immigration venant d’autres pays africains, laquelle représente 4/5 des migrations africaines. Cette situation offre des opportunités de collaboration pour aider ces pays à gérer d’une manière ordonnée leurs propres flux migratoires.
En raison de sa proximité géographique et de son expérience, particulièrement de celle acquise depuis la crise migratoire de 2006, l’Espagne apporte, au sein de l’UE, une précieuse contribution en mettant en commun les leçons tirées du « modèle espagnol », comme on l’appelle souvent.
L’Espagne contribue à ce dialogue en matière de migrations en apportant son expérience, longue de plusieurs années, selon laquelle il convient d’adopter une approche intégrée permettant de tenir compte, d’une manière équilibrée, de tous les aspects du phénomène migratoire.
Ladite approche comprend la mise en place de mesures dans les domaines suivants : lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière, protection internationale et respect du droit international relatif au droit d’asile et aux réfugiés, lutte contre le trafic des migrants et la traite des personnes, contrôle des frontières, respect des droits humains, approfondissement institutionnel, prévention de l’immigration irrégulière, retour et réadmission.
Ce modèle a démontré son efficacité dans les principaux pays émetteurs et de transit de migrants vers l’Espagne à partir de l’Afrique du Nord et de la façade atlantique.
5- Au cours de ces années de travail avec l’Afrique, un événement qui l’a marqué?
Je me souviens qu’en 2004, lorsque nous recevons des avalanches de «cayucos » de pirogues entassés de migrants. Notre préoccupation majeur consistait à sauver des milliers de personnes, des êtres humains.
Mille cinq cent kilomètres séparent les côtes du Sénégal de l’archipel des Canaries et la traversée peut prendre cinq à vingt jours. Déshydratés et exténués, les immigrants qui ont survécu aux affres de la traversée risquent pourtant d’être rapatriés dans leur pays après avoir atteint l’archipel.
Je me souviens c’était un week.end ou je passai une journée de pêche en haute mere en compagnie des amis. Nous avons observé un corp flottant dans la mer, c’était celui d’un jeune garçon âgée de 15 ans. Il avait dans ses sur des chaussures afin de pouvoir nager et une corde autour de son corps en guise d’un flotteur . Il s’appelle Mamadou.
Mamadou nageait pour obtenir de l’aide depuis sa pirogue dans laquelle voyageait était tombé en panne, pour faute de carburant. ainsi, il s’est porté volontaire pour aller chercher de l’aide sur une île qui avait une très grande montagne.
Naturellement, nous l’avons aidé et amené à Tenerife. Nous l’avons aidé à opter pour la résidence et nous l’avons envoyé dans la péninsule pour étudier. Ce jeune garçon a fait la formation professionnelle agricole. Marié et père de 2 enfants, il possède une entreprise agricole qui emploie près de 400 personnes à Saint-Louis.
Je suis fier de pouvoir vous dire qu’étant dans la ville de Saint-Louis, un jeune garçon s’approche de moi et me dit » Papi tu te souviens pas de moi, je suis Mamadou» . Eh bien, ce garçon était le garçon que nous avions rescate en mer.
Mais malgré les risques de la traversée, beaucoup de jeunes ouest-africains sont prêts à tenter l’aventure. Frustrés par l’absence d’opportunités d’emploi dans leur pays et galvanisés par les témoignages de ceux qui ont réussi à s’installer à l’étranger, ils s’endettent auprès d’amis ou de membres de la famille pour payer leur droit de passage et rejoindre un hypothétique eldorado.

