Des responsables sénégalais et gambiens de la préservation de la mangrove ont fait part, mercredi, à Ndangane Sambou, dans la région de Fatick (centre), de leur volonté d’harmoniser les politiques de protection des ‘’écosystèmes de mangrove’’ de la Gambie et du Sénégal en mettant en place ‘’une plateforme de concertation transfrontalière’’.
‘’Cette plateforme de concertation va renforcer la coopération transfrontalière entre la Gambie et le Sénégal, dans la protection et la gestion durable de la mangrove’’, a expliqué le directeur des programmes du bureau Afrique de Wetlands International, Pape Mawade Wade.
Ce projet international concerne la réserve de biosphère transfrontalière appelée Grand-Saloum, qui unit le Saloum (Sénégal) au Niumi (Gambie), selon M. Wade.
‘’Cette plateforme de concertation servira de comité d’orientation des politiques de gestion du Grand-Saloum…’’ a-t-il a ajouté en présence du directeur adjoint des parcs nationaux de la Gambie, Ousainou Touray.

Le coordonnateur de la plateforme chargée de la mangrove du delta du Saloum, au Sénégal, Djidiack Faye, affirme que la structure transfrontalière ’’va se positionner’’ de part et d’autre de la frontière des deux pays pour assurer la ’’protection des écosystèmes de mangrove’’ gambien et sénégalais.
Cette mesure va favoriser une ’’mise en œuvre efficace et efficiente du projet’’, selon M. Faye, qui est également directeur de l’Agence régionale de développement de Fatick.
Financé avec 10 millions d’euros de l’Union européenne (environ 6,5 milliards de francs CFA), ce projet intervient dans neuf pays d’Afrique de l’Ouest, dont la Sierra Leone, le Liberia, la Guinée-Bissau, le Ghana et et le Togo, pour une durée de quatre ans.
Il est piloté par l’Union internationale pour la conservation de la nature, Wetlands International et d’autres partenaires.
SÉNÉGAL : SAUVER LA MANGROVE
La mangrove, une végétation se développant dans l’eau douce ou salée, constitue l’un des écosystèmes les plus riches au monde, à la fois zone de reproduction, refuge et vivier pour de très nombreuses espèces. Sa dégradation est l’une des causes de la chute des populations de vertébrés, selon le rapport bisannuel «Planète vivante» publié par le Fonds mondial de la nature (WWF).
LA MANGROVE, SOURCE DE VIE
La mangrove est caractérisée par la prolifération d’arbres appelés palétuviers. Leurs feuilles, après décomposition dans l’eau douce, servent d’aliments pour les poissons de mer – tilapias, mulets, barracudas, thiofs, … – et les crustacés. A l’échelle mondiale, la majorité des poissons se reproduisent dans des zones de mangroves.

Les fleurs des palétuviers sont, quant à elles, très appréciées par les abeilles et participent dès lors à la production locale de miel. Véritable garde-manger pour l’homme, la mangrove est aussi source de remèdes : racines, feuilles, bourgeons, écorces, servent à la confection de médicaments efficaces et très utilisés. Au niveau environnemental, la mangrove constitue un puissant puits à carbone, une véritable protection contre l’érosion côtière et facilite le développement de l’agriculture en freinant la remontée du sel marin.
La mangrove est donc un écosystème très riche mais elle tend à se réduire. A Toubacouta, dans l’ouest du Sénégal, 25% de sa superficie a disparu entre 1980 et 2010, ce qui n’est pas sans conséquences sur les populations locales. Celles-ci sont les premières à en subir les conséquences, mais elles peuvent aussi faire partie des solutions. C’est sur ce principe que se base le projet de l’organisation sénégalaise Action Jeunesse Environnement (AJE).
Face à ce processus de dégradation, l’Etat sénégalais sensibilise ses ministères et encourage les autorités locales à introduire la protection de l’environnement dans les stratégies de développement local mais les moyens en leur possession sont si dérisoires qu’ils semblent inefficaces. De grandes ONG et agences internationales, tel Océanium, mettent également la main à la pâte, en lançant des grands programmes de reboisement, de protection de la mangrove et de création des zones marines protégées.