Le président ivoirien, Alassane Ouattara, président en exercice de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), a annoncé une profonde réforme du franc CFA de l’Afrique de l’Ouest, qui devrait changer de dénomination pour devenir l’Eco en 2020.
« Avec les autres chefs d’Etat de l’UEMOA, nous avons décidé de faire une réforme du Franc CFA avec trois changements majeurs (…) tout d’abord le changement du nom de la monnaie du Fcfa à l’ECO », a déclaré le président Ouattara en conférence de presse conjointe avec son homologue français Emmanuel Macron, en visite officielle en Côte d’Ivoire.
Aussi, a-t-il dit, les chefs d’Etat de l’UEMOA ont décidé « la centralisation de 50% de nos réserves de changes au Trésor français et la fermeture du compte d’opération, et troisièmement, le retrait des représentants de la France de tout organe de décision et de gestion de l’UEMOA ».
Les chefs d’Etat de l’UEMOA ont également décidé de « maintenir la parité fixe de notre monnaie avec l’Euro et convenu du maintien de la garantie de convertibilité », a ajouté le chef de l’Etat ivoirien.
Un accord matérialisant ces réformes a été signé entre la France et l’UEMOA à cette occasion.
Le président français a qualifié de « réforme historique majeure » cette décision. « L’Eco verra le jour en 2020, je m’en félicite », a-t-il déclaré, en estimant que le franc CFA était « perçu comme l’un des vestiges de la Françafrique ». Paris s’était dit « ouvert » à cette évolution après de multiples discussions avec les capitales africaines, tandis que la polémique au sujet de cette monnaie avait de nouveau pris de l’ampleur ces derniers mois. Le symbole est fort : le « franc des colonies françaises d’Afrique » avait été créé en 1945, avant de devenir le « franc de la Communauté financière africaine » au moment des indépendances.
La réforme prévoit que les banques centrales d’Afrique de l’Ouest ne devront plus déposer la moitié de leurs réserves de change auprès de la Banque de France, une obligation qui était aussi perçue comme une dépendance humiliante vis-à-vis de la France par les détracteurs du FCFA.
En revanche, la parité fixe avec l’euro est pour l’instant maintenue (1 euro = 655,96 francs CFA). Ce point est appelé à évoluer lorsque la monnaie commune ouest-africaine verra le jour.
« Pour ma part, je voudrais vous confirmer que la France a décidé de mettre fin à la centralisation obligatoire des réserves de changes en France qui représentait 50% », a de son côté assuré le président Macron.
Le président français a affirmé que « la France ne siégera plus dans aucune des instances techniques de gouvernance de l’Union plus spécifiquement elle ne nommera plus de représentant au Conseil d’administration ».
Aujourd’hui, la France a décidé d’être « le garant financier de l’Union », a poursuivi le président français, ajoutant « c’est une volonté que j’assume » avec la réforme de ces accords de coopération monétaire vieux de 46 ans